Vibe Coding: plus qu’un simple prototypage ?

Vibe Coding: plus qu’un simple prototypage ?

Le terme Vibe Coding peut sembler flou pour certains, mais il incarne une nouvelle approche du développement numérique: plus intuitive, plus visuelle, plus simple, plus fun mais surtout plus rapide. Né dans la culture startup où l'on valorise l’itération rapide, le Vibe Coding est un état d’esprit qui mêle créativité, design et développement sans tomber dans la technicité pure. On pourrait le résumer comme une manière de coder par la vibe ( manam coder en mode feul feulalé), c’est-à-dire à l’instinct, à la sensation, en se concentrant sur l’expérience utilisateur, la fluidité du parcours, sa simplicité et la rapidité de mise en œuvre.

Contrairement au coding traditionnel qui demande une connaissance rigoureuse des langages de programmation, le Vibe Coding s’appuie sur des outils no-code ou low-code comme Bolt, Lovable, Webflow ou encore Framer. Ces outils permettent à des profils non techniques de produire des interfaces fonctionnelles sans écrire une ligne de code ou presque. C’est la promesse d’une créativité libérée, accessible à tous. Attention, derrière ce vernis de simplicité se cachent aussi des limitations notables.

Pourquoi ça buzz ?

Ce qui fait le buzz avec le Vibe Coding, c’est la rapidité. Imagine pouvoir créer une landing page, une application mobile ou une interface client en quelques heures, sans avoir à attendre un sprint entier ou une livraison de développeur. Pour les product managers, designers ou entrepreneurs, c’est une révolution. Cela permet de matérialiser une idée, de la tester, de la modifier, et parfois même de lever des fonds… tout ça avant d’avoir réellement codé quoi que ce soit en profondeur.

Cet engouement n’est pas sans conséquence. En donnant cette capacité de créer vite, on tombe parfois dans le piège de croire que l’on peut tout faire sans développeur. Or, lorsqu’on veut passer du prototype à une application en production, robuste, scalable et sécurisée, les choses se compliquent. C’est ici que le Vibe Coding montre ses limites.

Les plateformes phares: Bolt, Lovable, Glide, etc.

Aujourd’hui, l’univers des outils no-code et low-code est en pleine explosion. Des plateformes comme Bolt ou Lovable permettent de designer et connecter des interfaces très rapidement. Avec des drag-and-drop simples, des templates et une intégration directe à des services comme Airtable ou Notion, ces outils transforment n’importe quel utilisateur en développeur light.

Bolt, par exemple, est souvent utilisé pour lancer des dashboards clients ou des mini-applications internes. Lovable, quant à lui, brille par son côté hyper visuel, parfait pour des landing pages ou des MVPs ultra esthétiques. Même Glide et Bravo Studio permettent de transformer une Google Sheet en application mobile en quelques clics.

Mais tous ces outils ont une limite: celle du framework imposé. Dès que vous sortez du cadre prévu ou que vous avez des besoins métier très spécifiques (calculs, sécurité, scalabilité), vous vous heurtez à un mur.

Accessibilité et démocratisation du développement

Le plus grand mérite du Vibe Coding c’est sans doute cette démocratisation de la création digitale. Avant, pour faire une application, il fallait un développeur. Maintenant, un designer peut le faire. Un marketeur aussi. Même un étudiant sans bagage technique peut créer une app mobile ou une interface web.

C’est une petite révolution. Elle rappelle un peu l’arrivée de WordPress à l’époque du web 2.0 : tout le monde pouvait faire un site. Tout comme avec WordPress, il faut vite se poser la question de la maintenance, de la sécurité, des performances et de l’évolutivité.

Le Vibe Coding est un levier fantastique pour initier un projet, juste qu'il n’est pas une fin en soi. Et c’est ce que beaucoup de créateurs découvrent une fois le prototype réalisé. Pour passer à l’échelle, il faut revenir aux fondamentaux du développement.

Créer des MVPs en quelques jours

Un des plus grands atouts du Vibe Coding, c’est la rapidité avec laquelle on peut créer un MVP (Minimum Viable Product). Tu as une idée ? En deux jours, elle est déjà testable par des utilisateurs. Tu veux prouver un concept ? Tu fais une démo impressionnante sans avoir passé un mois en dev.

Et là-dessus, Bolt et Lovable sont imbattables. Tu poses ton design, tu connectes une base de données simple et tu montres le tout en réunion. Pour lever des fonds, valider une idée, ou simplement tester un flux utilisateur, c’est magique.

On a vu des startups lever plusieurs dizaines de milliers d’euros avec juste une démo faite sous Lovable. Pas de base de code complexe, pas de backend lourd, juste un front bien pensé et fluide. Le Vibe Coding est donc l’outil rêvé du growth hacker, du product manager ou de l’UX designer.

Itération rapide et test utilisateur

L’autre avantage énorme, c’est l’itération rapide. Tu testes une version, tu récupères du feedback, tu modifies en quelques clics, tu retestes. Ce cycle peut se répéter plusieurs fois par semaine, voire par jour. Ça change tout comparé aux cycles de développement classiques qui prennent plusieurs semaines.

Le Vibe Coding permet donc une collaboration ultra fluide entre les équipes : design, produit, business. Chacun voit, modifie, teste. L’idée prend vie instantanément. C’est vivant, dynamique et ça motive les équipes.

Ce rythme aussi grisant soit-il, atteint vite ses limites dès que les règles métiers se complexifient, qu’il faut une base de données robuste, ou intégrer une API sensible. C’est là que le vrai développement entre en jeu.

Les pièges des outils simplifiés

Le Vibe Coding, aussi séduisant soit-il, montre ses faiblesses dès qu’on tente de transformer un prototype en un produit fini. Les plateformes comme Bolt ou Lovable sont ultra efficaces pour lancer une idée mais elles deviennent vite contraignantes pour une application destinée à des milliers d’utilisateurs. Pourquoi ? Parce qu’elles reposent sur des systèmes fermés, souvent avec peu de flexibilité dans la gestion des données, des permissions, ou des flux complexes.

Prenons un exemple concret: tu veux créer une marketplace avec une logique de commissions variables selon le vendeur, des intégrations de paiement avancées, des notifications en temps réel et une gestion poussée des utilisateurs. Impossible ou extrêmement compliqué à faire proprement dans un outil no-code. Tu vas devoir multiplier les hacks, bricoler des connexions Zapier, contourner des limitations... et tout cela mène à une application fragile, difficile à maintenir, et très peu scalable.

Autre point crucial: la sécurité. Les outils no-code exposent souvent les données plus facilement, surtout quand ils se basent sur des feuilles de calcul ou des backends partagés. Cela peut vite poser problème si tu manipules des données sensibles (utilisateurs, paiements, etc.). Ce genre de faille n’est pas acceptable dans un produit en production.

Quand la logique métier devient complexe

Au-delà de la technique, il y a la logique métier, ce qui fait la spécificité de ton produit. Et c’est ici que le Vibe Coding montre ses limites. Dès que tu dois gérer des règles conditionnelles, des flux métiers évolués, des permissions spécifiques ou des cas utilisateurs uniques, les outils comme Bolt ou Lovable atteignent leurs limites. Intégrer l'API d'un mobile money qui n'a pas une bonne documentation serait très compléxe dans ce cas ci.

Imaginons une plateforme de réservation avec des horaires variables selon les prestataires, une gestion de crédit utilisateur, des remises personnalisées et des alertes automatisées: bon courage pour intégrer ça proprement sans une vraie couche de code. Même si tu arrives à tout imbriquer dans des workflows no-code, la lisibilité et la maintenabilité de ton projet s’écrouleront.

Tu risques de passer plus de temps à bricoler, déboguer, comprendre pourquoi tel scénario plante, que si tu avais codé proprement dès le départ. D’où l’importance de ne pas confondre Vibe Coding et développement traditionnel : ils ne répondent pas aux mêmes besoins.

Le besoin de scalabilité

Scalabilité! Ce mot qu’on entend partout. Mais dans le monde du développement, il a un sens très concret : ton application doit pouvoir gérer une montée en charge sans exploser. Quand tu lances ton produit, tu vises peut-être 100 utilisateurs. Mais que se passe-t-il si tu en as 10 000 ? 100 000 ? Est-ce que ton backend no-code va suivre ? Est-ce que tes requêtes vont continuer à s’exécuter rapidement ? Est-ce que tes automatisations ne vont pas saturer les quotas d’un outil tiers ?

C’est là que le développement traditionnel entre en scène. En utilisant un vrai backend (Node.js, Ruby, Django...), une base de données pensée pour la performance (PostgreSQL, MongoDB...), tu construis une fondation solide, évolutive et optimisée.

Et cela ne concerne pas que les performances pures. Il y a aussi la gestion des erreurs, la journalisation (logs), le monitoring, la mise à jour continue, etc. Toutes ces choses qu’un outil no-code ne te propose pas (ou alors très partiellement) sont vitales pour une application sérieuse.

L’importance de l’architecture et des performances

On n’en parle pas assez dans le monde du Vibe Coding, mais une bonne architecture logicielle, c’est ce qui fait la différence entre un projet qui tient la route sur le long terme, et un projet qui s’écroule sous son propre poids. Cette architecture repose sur des choix techniques, des patterns de développement, des structures de fichiers, une logique claire et bien pensée.

Par exemple, avec du vrai code, tu peux :

Optimiser les appels à une API pour éviter les surcharges
Écrire des tests unitaires pour t’assurer que chaque fonction fait bien ce qu’elle doit faire
Gérer des migrations de base de données sans perte de données
Déployer ton application sur des serveurs personnalisés pour maximiser les performances

Tout cela est inaccessible ou très limité avec les outils de Vibe Coding. À un moment donné, si tu veux que ton application passe de “jolie idée” à “produit utilisé par des milliers de personnes”, il te faut des skills en dev. Pas besoin d’être un expert full-stack, mais il faut au moins savoir travailler avec une vraie stack technique.

Définir ses règles métier avec précision

Ce que les outils de Vibe Coding font bien c’est te donner un aperçu rapide du parcours utilisateur. Ce qu’ils font mal, c’est gérer la complexité réelle d’un business model. Dans une vraie application, tu dois souvent intégrer des règles spécifiques :

Tarification dynamique selon des critères multiples
Gestion complexe des rôles utilisateurs
Automatisations conditionnelles très spécifiques
Sécurité avancée (authentification, autorisations, logs…)

Pour cela, rien ne vaut le code. Il permet d’exprimer des cas particuliers, d’optimiser les performances et de faire vivre la vraie logique métier de ton application. C’est là que des outils comme Cursor, ou même un bon vieux IDE (VS Code), reprennent la main. Le Vibe Coding t’amène jusqu’au pas de la porte. Le développement sérieux, lui, t’ouvre la maison.

Les différences clés entre un MVP et un produit final

Un MVP (Minimum Viable Product), c’est une version allégée de ton produit qui permet de valider une idée. Un produit final, lui, c’est une solution complète qui résout un problème, à l’échelle, de manière fiable. Entre les deux, il y a un monde.

Le MVP peut être fragile, tant qu’il permet d’apprendre. Le produit final doit être solide et maintenable.
Le MVP peut utiliser des outils bricolés. Le produit final doit avoir une architecture pensée pour durer.
Le MVP peut fonctionner en no-code. Le produit final a souvent besoin d’ingénierie logicielle sérieuse.

Ce n’est pas une critique du Vibe Coding. C’est simplement une prise de conscience nécessaire pour tous ceux qui veulent créer un vrai produit. Tu peux très bien démarrer avec Bolt ou Lovable, mais à un moment, il faut refactoriser, stabiliser, professionnaliser.

Le trio magique d’un bon produit, c’est : design + dev + produit. Le Vibe Coding permet aux designers de s’exprimer plus librement, aux PMs de prototyper sans attendre, et aux devs de se concentrer sur les vraies problématiques techniques.

Mais cette collaboration n’est possible que si chacun comprend son rôle. Le Vibe Coder doit accepter que son prototype n’est pas le produit final. Le développeur doit accepter que l’UX est au cœur de l’application. Et le PM doit orchestrer cette transition avec tact et méthode.

TakkJokk,